Introduction
L'électrisation,
encore appelée
électro-traumatisme, est
un accident lié au
passage d'un courant
électrique à travers
l'organisme. Les effets
sont de deux types :
- excito-moteurs
(stimulation d'un
neurone, d'un
muscle,...), -
thermiques (brûlures
électriques).
Le terme d'électrocution
est réservé aux décès
survenus à la suite du
passage du courant
électrique dans
l'organisme.
Circonstances de
survenue On dénombre
plus d'une centaine
d'électrocution par an
en France mais il est
plus difficile d'estimer
les électrisations : -
50% sont d'origine
domestique : bricolage,
installations
défectueuses, absence de
mise à la terre
des appareils
électroménagers, prises
non protégées,
utilisation dangereuse
d'appareils électriques
dans une salle de bain
- les autres accidents,
contact avec un
conducteur aérien ou
terrestre (pêcheur à la
ligne, chute sur rail
électrifié...) ou encore
foudroiement, sont plus
rares mais toujours très
graves.
Situation de détresse
Description
Effets immédiats
Neurologiques
La perte de
connaissance, non
obligatoire, peut être
la conséquence de
l'inhibition (mise au
repos) du système
nerveux central ou celle
de l'hypoxie (manque
d'oxygène) liée à une
atteinte des autres
fonctions vitales (ventilatoire,
circulatoire); elle
expose aux dangers
classiques du malade
inconscient :
obstruction des voies
aériennes par chute de
la langue, inhalation du
contenu gastrique...
D'autres complications
transitoires peuvent se
voir : convulsions,
hémiplégie (paralysie
d'un coté du corps).
Ventilatoires
La tétanisation
musculaire peut
entraîner une
inefficacité
ventilatoire qui cessera
après le dégagement. La
persistance des troubles
malgré la suppression de
la cause fait craindre
un arrêt circulatoire
associé ou non à une
sidération neurologique.
Circulatoires
Plus de 90% des
électrisés n'ont reçu
qu'une simple secousse
et n'alertent pas les
secours; on pourrait
noter chez eux une
accélération de la
fréquence cardiaque liée
au stress. A des seuils
d'intensité plus
dangereux, tout peut se
voir : trouble du rythme
et de la conduction
cardiaque très variable
pouvant donner un pouls
irrégulier, un pouls
filant voire un état de
mort apparent par
fibrillation
ventriculaire ou arrêt
des contractions
cardiaques.
Brûlures
On distingue les
brûlures électriques
liées au passage de
l'électricité, des
brûlures par un arc
électrique qui sont dues
à la chaleur dégagée par
l'éclair du
court-circuit. Dans ce
dernier cas, il n'y a
pas d'électrisation (pas
de passage de courant
dans l'organisme).
Les brûlures électriques
se voient aux points
d'entrée et de sortie du
courant : sèches,
noirâtres, de petites
dimensions, elles sont
le plus souvent
indolores ce qui signe
leur profondeur (3°
degré). Des destructions
cellulaires invisibles
existent en fait sur
tout le trajet parcouru
par le courant (réseau
vasculo-nerveux,
muscles,...) d'où la
notion de gravité
potentielle des
électrisés, quel que
soit leur état initial,
car ces lésions
s'aggravent dans les
heures ou les jours qui
suivent.
Les brûlures par arc
électriques sont le plus
souvent superficielles,
touchant le visage et
les mains qui sont
quelquefois noircis par
la fumée accompagnant
l'éclair.
L'électrisation est rare
mais toujours possible,
il faut aussi penser aux
risques liés à
l'inhalation des gaz :
intoxication voire
brûlure des voies
aériennes.
Lésions associées
Du fait des chutes liées
à la contraction
musculaire brutale qui a
repoussé l'électrisé, il
faut penser à rechercher
des lésions associées.
En fonction des
circonstances - hauteur
de la chute - lieu où il
est tombé - il faut
rechercher un
traumatisme du crâne, du
rachis, des fractures
des membres, des
plaies,....
Accidents secondaires
Cardiaques
Des troubles du
rythme peuvent persister
après l'accident voire
apparaître à distance de
celui-ci.
De rares cas d'infarctus
du myocarde ont été
décrits.
Neurologique
Des déficits
neurologiques, des
syndromes épileptiques,
des troubles sensoriels,
visuels, et auditifs et
des manifestations
psychiatriques peuvent
aussi compliquer
l'évolution de ces
victimes.
Traumatiques
Les brûlures et les
lésions associées
peuvent laisser des
séquelles fonctionnelles
graves avec rétractions
tendineuses,
cicatrisations
vicieuses...
Accident dû à la foudre
: foudroiement
Ce type d'accident est
le plus souvent fatal,
lorsque la victime est
atteinte directement par
sidération nerveuse
et/ou cardiaque voire
par carbonisation; on
peut alors parler de "
fulguration ".
Mais des atteintes moins
graves (non spécifiques)
ont été décrites lorsque
la foudre est tombée à
distance : la zone
dangereuse se situe dans
un rayon de 30 mètres
autour du point
d'impact.
La tension du courant
Encore appelée "
voltage ", c'est la
différence de potentiel
mesurée en volts (V)
entre les deux pôles
d'un circuit. En dehors
des courants de " très
basse tension " (TBT)
limités à 24 V
alternatifs ou 40 V
continus qui ne sont pas
dangereux, tous les
autres exposent à des
accidents électriques: -
le courant domestique, "
basse tension " (B.T.)
qui est délivré en 220 V
monophasé ou 380 V
triphasé, - les courants
industriels et des
moyens de transport, de
classe " haute tension "
(H.T.), qui
atteignent couramment 25
000 V (monophasé
industriel), - les
câbles de transport à
distance du courant qui
supportent de " très
hautes tensions " (T.H.T.)
:
25 000 à 400 000 V. A
ces niveaux d'énergie,
les accidents peuvent
même intervenir à
distance du conducteur
car les matières
isolantes habituelles
sont inefficaces,
quant à la foudre,
décharge électrique
statique accumulée dans
les nuages, elle produit
pendant un millième de
seconde un éclair dont
la tension est de
l'ordre d'un milliard de
volts.
La résistance du
corps
Mesurée en Ohms, elle
représente la capacité
d'un corps à s'opposer
au passage d'un courant.
La résistance est
variable d'un organisme
à l'autre et dépend
également du trajet
parcouru. La résistance
de la peau varie selon
que la peau est sèche ou
humide. Le passage du
courant est facilité par
la grandeur de surface
et la pression de
contact; de même, la
nature des vêtements ou
de l'objet intermédiaire
entre le corps et le
conducteur ou entre le
corps et la terre peut
jouer un
rôle aggravant ou au
contraire offrir une
certaine protection
selon leur propre
résistance au courant.
Le passage du courant
nécessite que le corps
soit en contact entre
deux conducteurs (cas
rares) ou entre un
conducteur et la terre.
La résistance totale
peut varier ainsi d'une
centaine à plus de 150
000 ohms
A noter que l'eau et
l'humidité en général
constituent un facteur
aggravant. En effet,
l'eau à l'état de corps
pur (H20) est u n bon
isolant, mais dès
qu'elle perd sa pureté
chimique, elle devient
un excellent conducteur.
L'intensité
C'est le débit des
charges électriques,
mesurée en ampères (A).
Elle est le responsable
de la gravité des effets
excito-moteurs.
L'intensité qui circule
dans un corps (I) varie
en fonction de la
tension appliquée (U) et
de la résistance de
celui-ci selon le
rapport I=U/R (loi
d'Ohm) : pour une
tension donnée, moins la
résistance est grande,
plus l'intensité du
courant et ses effets
seront importants.
A partir d'une intensité
de 9 mA (milliampères),
des contractions
musculaires peuvent
apparaître; elles sont
capables de " coller "
la victime au conducteur
(par tétanisation des
mains) ou au contraire
de le rejeter loin de
celui-ci, faisant cesser
la passage de courant
mais exposant la victime
à des traumatismes
secondaires (chute
d'échelle,...). Cet
effet excito-moteur peut
aussi être la cause de
détresse ventilatoire -
tant que le courant
passe- par contraction
des muscles
respiratoires.
Pour des intensités
supérieures ou égales à
80 - 100 mA, un courant
alternatif de 50 Hz
(fréquence du courant
domestique en France)
passant dans la région
du cœur peut provoquer
une fibrillation
ventriculaire, c'est à
dire une contraction
anarchique de chacune
des fibres musculaires
cardiaques qui battent à
leur propre rythme; cet
accident est responsable
d'une inefficacité de la
pompe cardiaque (arrêt
circulatoire) et donc
d'un état de mort
apparente.
Au-delà d'une intensité
de 2 à 3 A, il existe un
danger d'inhibition des
centres nerveux qui peut
persister après arrêt du
passage du courant et
serait, entre autres,
d'une perte de
connaissance immédiate
et de troubles
ventilatoires (en arrêt
le plus souvent)
d'origine centrale par
sidérationdes centres
bulbaires.
LA GRAVITE IMMEDIATE
EST FONCTION DE
L'INTENSITE
Forme et fréquence
En dehors des piles
portatives qui sont sans
danger, on ne trouve du
courant continu en
France que pour
l'alimentation du réseau
téléphonique et pour
l'utilisation
industrielle ou
ferroviaire (troisième
rail conducteur sous 750
V, caténaires sous 1500
V).
Pour le courant
alternatif, les seuils
dangereux sont atteints
avec des intensités
moindres (environ 4 fois
plus faibles) que pour
le courant continu. La
fréquence de 50 Hz,
couramment rencontré en
Europe, est réputée pour
être des plus
dangereuses pour ses
effets excito-moteurs.
Au-delà de
1000 Hz, c'est l'effet
thermique qui prédomine.
Durée de
l'électrisation
La durée de passage du
courant dans l'organisme
influe sur le temps de
détresse ventilatoire
mais aussi sur le risque
cardiaque et la
production de chaleur,
donc sur la gravité des
brûlures.
Quantité de chaleur
dégagée
Elle explique la
survenue de brûlures
liées à l'effet
thermique de
l'électricité, c'est à
dire à l'énergie
dissipée le long du
trajet du courant.
Mesurée en Joules (J),
cette production de
chaleur est
proportionnelle à la
tension, l'intensité et
le temps du passage du
courant (W= U.I t).
Les brûlures électriques
s'étendent en profondeur
sur tout le trajet du
courant qui accompagne
le plus souvent les axes
vasculo-nerveux (de
moindre résistance)
En pratique, plus la
tension est élevée, plus
le risque de brûlure est
grand.
Trajet intra corporel
Il est essentiel car la
gravité de l'atteinte
dépend des organes
traversés par le
courant, c'est à dire
des organes situés sur
son trajet.
Conduite à tenir
Dégagement : faire
cesser l'électrisation
Si la victime est encore
en contact avec un
conducteur basse
tension, il faut couper
le courant avant de
toucher à la victime
(disjoncteur,
coupe-circuit,
prise,.....).
Exceptionnellement, on
pourra dégager le fil à
l'aide d'un matériel
isolant adapté (règle en
plastique pour le
courant domestique,
perche et tabouret
isolants pour la moyenne
tension).
Pour la haute tension et
très haute tension, on
doit prévenir les
responsables
d'exploitation (SNCF,
EDF...) pour qu'ils
assurent la coupure du
courant.
Le bilan des fonctions
vitales, l'examen des
pupilles, la recherche
rapide de traces de
brûlures et de
traumatismes associés
éventuels vont définir
les mesures d'urgence à
prendre.
Alerter ++++
L'état de mort
apparente chez un
électrisé doit
bénéficier d'une
tentative de réanimation
prolongée car l'atteinte
cardiaque se fait le
plus souvent sur un cœur
sain à l'origine, ceci
surtout si le délai
entre l'arrêt
circulatoire et le
massage cardiaque
externe est réduit. Si
le cœur est en
fibrillation, seule une
deuxième secousse
électrique- à l'aide
d'un appareil médical
adapté : un
défibrillateur- pourra
rétablir une activité
cardiaque normale.
Les brûlures seront
emballées, les fractures
immobilisées et on
surveillera l'évolution
en attendant le médecin,
en pensant à couvrir la
victime, à l'installer
dans une position
d'attente adéquate et à
la rassurer si elle est
consciente.
Une attention toute
particulière doit être
portée aux risques de
suraccident : sol
mouillé, câbles et
tuyaux conducteurs,
remise sous tension
accidentelle ... Le
voltage doit, en
particulier ne pas être
sous-estimée.
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